Préambule
Cet article ressemble à la fin d’une année scolaire avant les grandes vacances. Style vieux crouton qui distribue les bons et les mauvais points comme si tout lui appartenait. Je prends ce droit. Après tout ce chaos, certaines vérités méritent d’être dites. Puisque je me retrouve une fois de plus à écrire ce genre d’exercice pas franchement populaire, avec déjà une file sans fin d’ennemi·es et une liste de personnes prêtes à me lapider, je me dis que le moment convient. Je pose les mots. J’avertis comme un pote qui te prend à part pour te dire que tu as déconné et que tu dois revoir tes objectifs. Si ça passe mal, tant pis. J’assume, je reste sincère, et je sais pas fermer ma gueule.
RED FLAGS
Kreiz Y Fest
Un an de ma vie offert à la naissance de ce festival. Un morceau de moi. Tout ça pour ça. Depuis 2024, c’est la dégringolade. En 2025, l’affiche présente No One Is Innocent, dont le chanteur reste en procédure pour viol (source Mediapart). Depuis mon départ après la première édition, c’est aussi l’alliance avec l’association Legend’air, qui co-organise un festival du même nom ayant programmé cette année Patrick Sebastien, figure publique aux positions populistes et complaisantes envers l’extrême droite. Pourquoi c’est un red flag ? Un événement conçu pour faire du bien aux gens s’est effondré dans la quête de profit et une absence totale de cadre éthique.
Motocultor
Il faudrait un livre pour lister chaque signal d’alarme. Chaque année une nouvelle couche de médiocrité. Cette année, des méthodes de prises en charge de victimes absurdes, des nazillons encore plus nombreux, par « nazillons », j’entends des personnes arborant des t-shirts néonazis, des slogans homophobes, des costumes SS ou coloniaux, visibles et actifs. Une sécurité prête pour des expéditions punitives sur des prestataires, une équipe agressive envers son propre bénévolat, des agressions et tentatives d’agression sans suite, pas de protocole VSS, une RDR pas au niveau. En 2026, les groupes ultra problématiques Slaughter to Prevail et Emperor sont programmés. Pourquoi c’est un red flag ? Parce que Motocultor et son fondateur Yann Le Baraillec, entouré de collaborateur·rices acquis·es à sa bêtise, continuent depuis plus de quinze ans à offrir un festival dangereux et irrespectueux, et tout le monde en tire profit.
Le Ar Vran
Un festival de black metal, pagan et folk black qui promet de belles choses, en vain. Une organisation amateur, incapable de tenir sa ligne, happée par une fréquentation néonazie massive, par « massive », j’entends une proportion inquiétante au point de me sentir mal à l’aise et en insécurité, ce qui a motivé mon départ après quatre heures seulement. Beaucoup du bénévoles viennent du Motocultor, et ça se voit. Pourquoi c’est un red flag ? Parce que l’organisation refuse d’admettre que sans les néonazis, elle ne rentre pas dans ses frais. Je suis parti en m’expliquant, et j’ai reçu en retour des mots creux, des excuses qui sonnaient faux.
Balance Ta Scène
D’abord parce qu’on m’a diffamé, parce que cette attaque a ouvert une plaie profonde. Recevoir du venin de son propre camp fait cent fois plus mal. Ensuite, ce collectif anonyme a basculé après un putsch interne : le 4 juillet 2025, sur le compte Instagram du collectif, un message indiquait que des membres avaient fait un push en récupérant les accès au compte et aux outils internes, mettant à part les fondatrices et changeant les mots de passe, ce qui ressemble à un piratage ou vol au minimum. Tout est écrit dans ce post, le mot « push » est bien utilisé. Tout cela a créé un doute sérieux sur la sécurité des témoignages anonymes collectés depuis des années. J’ai signalé le tout à la CNIL, qui a pris cela au sérieux et mené une enquête brève. Aujourd’hui, je suis toujours en procédure en diffamation contre ces personnes qui restaient cachées derrière leur écran pendant que je dormais dans ma voiture pour faire des festivals gratuitement et aider des victimes sur le terrain.
Les Vieilles Charrues
La collaboration aurait pu devenir belle. Mon travail plaisait, mon engagement aussi. Tout s’est brisé quand Balance Ta Scène m’a diffamé. J’ai refusé de me taire. Leur réaction fut immédiate : suppression, distance, silence. Après la diffamation, par l’intermédiaire d’une amie qui était hiérarchiquement au-dessus de moi, on lui a demandé de me dire de fermer ma gueule pour que l’affaire s’étouffe. Au lieu de cela, j’ai pris position et porté plainte. Les Vieilles Charrues n’ont pas accepté d’être mêlées à cette affaire, et pour des raisons bidons, ils m’ont informé que la collaboration était annulée et que je devais retirer certains éléments sur le site de mon association. C’est très lâche et ça m’a brisé.
Les Catherinettes, Addiction France, Consentis, Nous Toutes
Au moment où je cherchais juste à comprendre qui m’en voulait et pourquoi, j’ai reçu attaques, moqueries, menaces et mensonges. Ces associations fonctionnent en entre-soi : elles refusent l’entrée à toute personne qui ne joue pas selon leurs règles. Étant bénévole et ne faisant jamais payer mes interventions, je n’étais pas le bienvenu. Elles ont contribué à me mettre à genoux, se sont moquées et m’ont accusé de concurrence déloyale. Pour le côté « business de la souffrance », c’est cru mais réel : la prévention est devenue un marché, excluant beaucoup de petites structures et bénévoles comme moi.
La Fédération des Musiques Métalliques
Lancée en 2023 par Pascal Gueugue, soutenue par le CNM, l’Adami et la Sacem, cette fédération visait à structurer et soutenir le milieu metal. Le projet Metaléthique, auquel j’ai participé, était un document solide pour promouvoir un metal plus éthique. Après mon départ, le projet a été réduit à une version symbolique, dix lignes sans impact réel. Les récompenses comme Les Foudres du Metal ont mis en avant des groupes et structures problématiques, ignorant l’éthique et la responsabilité. Alcest, Rise of the Northstar, et d’autres ont été mis en lumière malgré des zones d’ombre documentées. Le Motocultor dans la catégorie « événement de l’année », le groupe Houle et le documentaire « Que ton règne vienne » mettant ainsi en lumière les Acteurs de l’Ombre Productions, label qui se dit apolitique tout en rémunérant des groupes néonazis, et le Road to Midem, avec au jury Ben Fournet, programmateur du Motocultor à l’origine de la venue de Slaughter to Prevail et Emperor en 2026, et Céline de Beer-Wozniczka, membre de NaoNoise, structure qui programme des groupes néonazis dans les Hauts-de-France et participe au financement du NSBM en accueillant des exposants comme Antiq Records au Tyrant Fest.
GREEN FLAGS
Les Eontées
Les Eontées, l’une des plus belles expériences de ma vie professionnelle et personnelle. Une claque émotionnelle. Des personnes sans cynisme, lucides et douces. Une association qui ramène le cabaret, les drag queens, les drag kings et le travestissement dans les campagnes, qui affronte les idées reçues pour mieux les défaire avec des éclats de rire et de talons. Une organisation simple, nette, centrée sur le bien-être de chacun·e. Pourquoi c’est un green flag ? Parce qu’il existe des équipes qui préfèrent l’humain au paraître.
Les Lunatiques
Les Lunatiques, deuxième année à leurs côtés. Une volonté claire : éthique, responsabilité, rigueur. Une programmation sans ombre, une attention réelle à chaque détail. Une ambiance sereine, des fachos mal à l’aise. L’équipe forme un groupe soudé, heureux de travailler ensemble. Pourquoi c’est un green flag ? Parce que leur respect interne crée une atmosphère saine où tout le monde respire.
Le Name Festival
Travailler au 9-9Bis est un honneur. Nicolas Joly dirige une équipe réactive et attentive. Les conditions de travail sont idéales. L’électro qui résonne sur place sent la maturité. Les festivalièr·es ont une conscience forgée par des années de scène respectueuse. Les bénévoles agissent avec sérieux et chaleur. Pourquoi c’est un green flag ? Parce que tout semble fluide, cohérent, soutenant, et le protocole devient une ligne claire sans blocage.
Sylak
Dix heures de route pour un vrai plaisir. Une programmation solide, une équipe féminine incroyable, des sourires francs, une protection civile coopérative. Le festival reste classique dans sa structure mais accueille plusieurs milliers de personnes sans perdre son âme. Pourquoi c’est un green flag ? Parce que le Sylak montre que le metal peut rester humain, responsable et attentif.
EVOL
Un festival construit autour de l’inclusion, du handicap, des enfants, de la douceur. Une tentative rare. L’échec commercial reste un mystère : partenaires mal choisis, communication bancale, bénévoles du Motocultor qui amènent des pratiques toxiques et perturbent l’organisation. Pourquoi c’est un green flag ? Parce qu’il prouve que la possibilité existe, même si la porte se referme.
Le Kleg
Le Kleg, un festival de potes, accessible, gratuit pour les jeunes. Un Fest Noz comme une messe bretonne où toutes les générations se mélangent. Une ambiance simple, joyeuse, vraie. Pourquoi c’est un green flag ? Parce que c’est le cœur battant de nos campagnes, avec une équipe qui cherche toujours plus de justesse sans jamais trahir son esprit.
Le Samhain de Berney
J’ai terminé la saison au festival de la socière à Bernay. Un festival magnifique, une ambiance enveloppée dans la lumière du lieu. Je n’ai pu rester que quelques heures à cause d’une situation qui a exigé mon départ pour ma sécurité. Menaces, pression, impossibilité de continuer mentalement. L’équipe m’a soutenu avec sincérité. Pourquoi c’est un green flag ? Parce que même au pire moment, l’équipe a choisi le respect et la protection.
Conclusion
À celleux qui souhaitent m’écrire pour un droit de réponse, je serai ravi de vous publier à la suite de cet article mais je n’en ai plus envie. J’ai toujours été pour le dialogue, mais j’ai décidé de ne plus échanger avec des personnes toxiques, pour ma santé mentale et pour ne plus perdre mon temps. Sachez que chaque point est réfléchi, que j’ai pesé avant de publier, que je sais que certain·es vont grincer des dents et que beaucoup s’en fouteront comme de leur dernière chaussette. Forcément, c’est un article à charges, contrairement à mes articles de fond qui visent à transmettre des connaissances, ces quelques lignes vont probablement en emmerder pas mal. Pour les green flags, on fait des câlins et on boit une limonade quand vous voulez. Merci d’être vous et merci de proposer la différence, la vraie culture, celle qui s’ouvre, qui apprend, qui évolue, qui s’adapte. Merci de faire que j’aie toujours, au fond de moi, l’envie d’aller à des concerts malgré tout ce que j’ai pu prendre dans la gueule.

