On peut avoir toutes les formations du monde, ça ne t’apprend pas à encaisser ce que tu vas voir. La vraie prévention, elle commence quand tu sais reconnaître tes limites. Parce qu’on ne peut pas protéger si l’on est déjà vidé. Parce qu’avant d’écouter la douleur des autres, il faut apprendre à écouter la tienne.
Sur le terrain
Chaque intervention est un saut dans l’inconnu. Même avec des années d’expérience, il suffit d’un visage, d’un mot, d’un cri pour que tout vacille. Tu peux avoir vu des centaines de situations : tu n’es jamais à l’abri d’une qui te traverse de plein fouet. Alors tu apprends à sentir quand ton corps, ton esprit ou ton cœur te disent : stop. La méthode des 5D le rappelle bien : déléguer, c’est aussi faire preuve de responsabilité.
Quand la colère bouillonne
J’ai déjà senti la colère bouillir, l’envie de tout casser. Quand tu trouves une gamine brisée, incontinente, incapable de se souvenir, et que tu sais qu’elle ne sera pas la dernière, tu te prends la violence du monde en plein visage. Dans ces moments-là, ton « bouclier émotionnel » devient poreux. Tu encaisses, tu serres les dents, mais tu continues, parce que tu n’as pas le droit de flancher. Et pourtant, c’est précisément là qu’il faudrait savoir s’arrêter.
Apprendre à transformer
Contrôler ses émotions, ce n’est pas les effacer. C’est apprendre à les transformer, à en faire une force sans qu’elles te consument. Elles te rendent humain·e, elles t’aident à comprendre l’autre. Mais si tu tires trop longtemps dessus, elles te fissurent. Alors tu fais une pause, tu respires, tu digères ce que tu as vu. C’est aussi ça, la prévention émotionnelle.
Un métier qui use
Ce métier n’est pas fait pour tout le monde. Et celles et ceux qui s’arrêtent ne sont pas faibles, ils sont lucides. Parce qu’on ne peut pas sauver les autres quand on s’oublie soi·elle·s-même.