J’ai récemment eu une discussion sur la place du militantisme dans les protocoles de prévention en festival.
Pour beaucoup, le militantisme est central. Il doit rappeler l’origine idéologique des thèmes abordés, comme la lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels. Le féminisme, à travers des décennies de lutte, a fait entendre la voix des victimes dans une société marquée par la culture du viol. Selon cette vision, un stand de prévention doit afficher des slogans, distribuer des flyers explicites et tenir un discours militant affirmé.
Je respecte totalement cette approche.
Mais avec Eclipshead, j’ai choisi une autre orientation. Même si je partage ces convictions et que je suis engagé depuis mon adolescence, je ne souhaite pas les mettre en avant de manière frontale. Ma démarche se veut complémentaire, pas opposée.
Mon approche de la prévention se veut plus neutre. Les gens viennent d’abord chercher des bouchons d’oreille. Ensuite, ils découvrent les préservatifs ou les protections hygiéniques. Certains s’éloignent. D’autres s’arrêtent, remercient ou posent des questions. C’est dans ces moments que mon travail prend tout son sens. Cette sensibilisation en festival permet de créer un dialogue même avec les publics les plus sceptiques.
Mon but n’est pas de convaincre coûte que coûte. Je veux ouvrir un espace de dialogue, même là où la prévention rencontre du rejet ou de l’incompréhension. Dans une société où la violence est omniprésente et banalisée, j’ai choisi d’adapter mon militantisme : moins visible, mais toujours présent. Cela me permet d’aller à la rencontre de toutes et tous, y compris des plus sceptiques.
