Regarder Dahmer et d’autres séries true crime suscite fascination et questionnements. Ces histoires, basées sur des faits réels, confrontent chacun·e de nous à la violence humaine et à la souffrance des victimes. Comment regarder avec conscience, sans banaliser le drame ?
Je comprends la fascination. Moi aussi, je regarde. Ce qui m’intéresse, c’est la psychologie, la bascule, le point où un être humain devient inhumain. Tenter de comprendre, c’est différent de consommer. Mais beaucoup les regardent comme un simple divertissement, et c’est là que le malaise s’installe.
Regarder ces séries entre ami·e·s, sans distance critique, c’est oublier les victimes. C’est confondre la curiosité et le voyeurisme. Cette banalisation du drame n’est pas anodine : elle s’inscrit dans une société déjà saturée d’images violentes, désensibilisée par les chaînes d’info comme BFM TV ou CNews, et par les réseaux, particulièrement TikTok.
Cet été, j’ai vu des t-shirts “humoristiques” à l’effigie de meurtriers (Nordahl Lelandais, Xavier Dupont de Ligonnès, etc.) vendus par Hate Couture. Ce n’est plus de la fascination : c’est du commerce sur la souffrance humaine.
Peut-être qu’on regarde aussi pour apprivoiser la peur. Pour sentir qu’on maîtrise ce qui, au fond, nous dépasse. Mais la frontière entre comprendre et consommer reste fine. Et c’est là que tout se joue.
Je ne dis pas qu’il faut arrêter de regarder, mais qu’il faut savoir pourquoi on regarde. Pour comprendre ? Pour réfléchir ? Ou juste pour frissonner ? La différence se joue là, dans le regard qu’on porte.
Parce que se divertir avec la douleur des autres, sans conscience, c’est oublier notre propre humanité.